Stimulation cérébrale profonde - SCP

Opérer en état de veille ou sous anesthésie ?

Pendant longtemps, la stimulation cérébrale profonde a été réalisée exclusivement en état de veille. Grâce aux progrès de l’imagerie médicale, désormais cette intervention est également proposée sous anesthésie générale.

Quels sont les avantages et les inconvénients des deux procédures pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ? Nous faisons le point.

Depuis de nombreuses années, la stimulation cérébrale profonde (SCP) a prouvé son efficacité pour les personnes atteintes de Parkinson. Elle est utilisée pour limiter les variations d’action gênantes (lorsque l’effet des médicaments administrés diminue) et les tremblements résistant aux traitements. À cette fin, des électrodes sont implantées dans certaines régions cérébrales – la plupart du temps, dans le noyau sous-thalamique. Grâce aux impulsions électriques qu’elles délivrent, elles influencent positivement certaines fonctions cérébrales.

L'importance du positionnement des électrodes 

Il est décisif que leur positionnement soit optimal afin de garantir le succès du traitement. C’est la raison pour laquelle jusqu’à présent, l’opération était de préférence réalisée en état de veille. Cette méthode permet de vérifier la position des électrodes durant l’intervention pour qu’elles aient l’effet souhaité et pour limiter les effets secondaires.

Les défis de l'opération éveillée 

Pour les patientes et les patients, elle est cependant pénible et désagréable : ils peuvent présenter des états anxieux, voire souffrir de crises de panique pendant l’opération. Les tests réalisés pour contrôler les électrodes sont fastidieux et prolongent la durée de l’intervention – ce qui peut aussi engendrer des coûts plus élevés.

SCP en état de sommeil : une option 

Grâce aux progrès de l’imagerie médicale, il est désormais possible de réaliser les interventions de SCP sous anesthésie générale. Cette opération est également qualifiée de « SCP en état de sommeil ». Les avantages sont évidents : davantage de confort pour les patientes et les patients, et si possible des résultats équivalents à moindres frais.

Polémique autour de la méthode

Le débat opposant les partisanes et partisans de l’anesthésie à celles et ceux qui privilégient l’état de veille fait rage depuis de nombreuses années. À l’initiative de la Swiss Movement Disorder Society (SMDS), les spécialistes de deux grands centres suisses de SCP ont mis en avant les arguments qui, de leur point de vue, plaidaient en faveur ou à l’encontre d’une préférence pour l’opération sous anesthésie. Les deux articles controversés viennent d’être publiés dans la revue spécialisée Swiss Medical Weekly, accompagnés d’un commentaire explicatif de la SMDS.

Le point de vue de la Swiss Movement Disorders Society 

Cette dernière considère l’option de SCP sous anesthésie comme une avancée certaine. Cependant, une précision anatomique reposant uniquement sur l’exactitude de l’imagerie médicale peut ne pas être suffisante pour obtenir des résultats thérapeutiques optimaux dans tous les cas. En état de sommeil comme en état de veille, l’intervention de SCP peut être associée à l’imagerie médicale et à des mesures physiologiques (permettant de représenter les signaux du cerveau) de diverses manières. La variété des méthodes employées et combinées rend souvent difficile la comparaison directe à l’aide des avantages et des inconvénients cliniques.

Études actuelles et recherches en cours

Une étude parue en 2021 a démontré que les interventions de SCP en état de veille et sous anesthésie étaient équivalentes en termes de résultats et de sécurité. Toutefois, il est encore impossible d’apprécier la méthode de cette analyse de manière exhaustive. À cette fin, il faudra attendre les conclusions de vastes études en cours qui testent les deux approches dans des conditions similaires.

 

Une décision individuelle

La SMDS estime que la décision d’opérer les patientes et les patients en état de veille ou sous anesthésie doit toujours être prise au cas par cas. Le souhait de chaque personne doit être pris en considération, de même que la préférence et l’expérience de l’équipe en charge du traitement neurologique et neurochirurgical.

Recommandations de la SMDS

L’intervention en état de veille est actuellement indiquée pour les personnes jeunes et moins vulnérables, susceptibles de coopérer efficacement durant l’opération. Quand aucune médication dopaminergique ne peut être administrée en peropératoire, les phases « off » doivent être les plus courtes possibles et la gêne rester acceptable.

Une SCP sous anesthésie doit en revanche être proposée aux patientes et patients plus âgés et plus fragiles, ainsi qu’aux personnes dont les pénibles phases « off » peuvent s’accompagner de crampes musculaires douloureuses ou de symptômes non moteurs pesants tels que l’anxiété ou la dépression. Globalement, la SCP sous anesthésie est désormais bien établie et l’on peut s’attendre à ce qu’elle soit l’option envisagée par la plupart de ces parkinsoniennes et parkinsoniens. Néanmoins, la SMDS recommande aux cliniques de maintenir leur niveau d’expertise en matière de SCP en état de veille, et ce jusqu’à ce que d’autres progrès techniques permettent d’obtenir de meilleurs résultats sous anesthésie – de préférence, quelles que soient les compétences et les expériences de l’équipe thérapeutique.

Prof. Dr  med. Stephan Bohlhalter, 2024

Auteur

Le Prof. Dr Stephan Bohlhalter
médecin-chef et directeur de la clinique de neurologie et de neuroréhabilitation de l’hôpital cantonal de Lucerne, préside le comité consultatif de Parkinson Suisse et siège au comité de la Swiss Movement Disorders Society.

 

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